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« 1 Je vous recommande donc, frères et sœurs, à cause de cette immense bonté de Dieu, à lui offrir votre corps comme un sacrifice vivant, saint et qui plaise à Dieu. Ce sera là de votre part un culte raisonnable. 2 Ne prenez pas comme modèle le monde actuel, mais soyez transformés par le renouvellement de votre intelligence, pour pouvoir discerner la volonté de Dieu : ce qui est bon, ce qui lui plaît, ce qui est parfait. » Romains 12.1-2 (Bible du Semeur).
C’est par ces mots que commence la partie éthique de la lettre aux Romains : deux versets dictent ainsi le programme de tout ce qui va suivre (ch. 12-15). Ils sont, en quelque sorte, un résumé de l’éthique chrétienne, et même une clé de compréhension de ce qu’est l’éthique chrétienne, dans 1)sa motivation et dans 2) son orientation.
Il ne faudrait pas passer à côté de ce que Paul dit « entre virgules », à savoir : « à cause de cette immense bonté de Dieu». Des mots qu’on lit peut-être un peu vite, alors qu’ils sont décisifs. Cette immense bonté de Dieu motive les exhortations qui suivent ; elle est leur « carburant ».
Ce qui est en jeu, c’est la raison pour laquelle nous voulons faire le bien : est-ce que les bonnes œuvres auxquelles Dieu m’appelle sont les fruits d’un cœur qui déborde de reconnaissance ? Selon la formule consacrée, c’est parce que nous avons été sauvés que nous pratiquons des bonnes œuvres, et non pas pour être sauvés.
Notre éthique est conséquence de l’amour premier de Dieu. Ainsi, l’éthique chrétienne n’est pas d’abord une éthique du devoir : elle est avant tout une éthique de la reconnaissance ! C’est par gratitude envers Dieu que je désire conformer ma vie à sa volonté. Mais, à quoi ressemble l’éthique chrétienne, telle que la résume Paul ?
« Ainsi, l’éthique chrétienne n’est pas d’abord une éthique du devoir : elle est avant tout une éthique de la reconnaissance ! »
« Je vous invite donc frères à lui offrir votre corps comme un sacrifice vivant, saint et qui plaise à Dieu. » L’image est forte : le mot « sacrifice » nous dit que la vie chrétienne coûte ; l’expression « nos corps » dit que Dieu nous demande notre personne entière. Paul nous met en garde contre une disposition au don de soi qui se limiterait à un simple élan du cœur, à une bonne résolution, sans effet concret ; car c’est avec notre corps que nous entrons en relation avec les autres, que nous agissons. En ce sens, l’éthique chrétienne est une éthique du don de soi dans le concret du quotidien, qui peut coûter, à l’image du Christ.
Un sacrifice « vivant, saint et agréable » ? Comment y parvenir ? La réponse est au v.2. Nous ne pourrons offrir nos corps comme des sacrifices vivants saints et agréables à Dieu que si nous ne nous conformons pas au monde mais sommes transformés dans notre intelligence.
« Dieu nous demande notre personne entière. »
Ne pas se conformer à ce monde : il s’agit d’aller à contre-courant de la rivière des idées, des attitudes, des habitudes de ce monde. C’est pour cela que nous avons besoin, positivement, d’être transformés dans notre façon de penser. La « conversion » de notre intelligence est un processus continu, et c’est le Saint Esprit qui en est le « chargé de mission ».
L’éthique chrétienne est donc une éthique réaliste, parce qu’elle est sans illusion sur nos capacités
propres, et c’est une éthique de la conversion continue, dont le but est de discerner comment agir de
manière appropriée ici et maintenant.
Marjorie Legendre